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 03 juil 2014 13:42 

La Foire de Libramont 2014: la Politique agricole commune (PAC) pour les nuls


Une nouvelle réforme de la politique agricole commune est en cours… l’occasion pour la Commission agricole de la foire de Libramont de faire le point sur les questions relatives à l’avenir de l’agriculture. Et d’élargir le débat à la société… Quels sont les choix des politiques mais aussi des consommateurs ? Car si l’être humain dit, depuis l’antiquité, que la nourriture est le premier des médicaments, il sait aussi que la santé n’a pas de prix… et qu’il est peut-être urgent de retisser du lien entre producteurs et consommateurs et de prendre soin des uns et des autres…Dans un monde en profonde mutation, de nouveaux modes de consommation émergent ; une nouvelle conscience voit le jour !
.

Quelques repères

À la fin des années 1950, l’Europe sort d'un conflit mondial qui l'a dévastée sur le plan humain, économique, culturel. Mais la reconstruction des infrastructures a créé un développement économique sans précédent. Les entreprises tournent à plein régime et les années 1960 se profilent avec un grand optimisme. Elles s’appelleront d’ailleurs les Golden Sixties. Cette décennie connaîtra une économie de plein-emploi qui restera dans les esprits comme la référence d’un âge d’or révolu.

L’optimisme et le plaisir sont à l’honneur ! JF Kennedy lance la conquête de l’espace et les nouvelles frontières. Les télévisions noir et blanc arrivent dans les foyers et les gens se réunissent pour regarder le tour de France ou les grands matches de foot en Eurovision. Chez nous, l'Exposition universelle de 1958, au Heysel, a inauguré une ère de prospérité qui semble ne pas devoir finir. C’est l’avènement d’une société de consommation du toujours plus… L’intelligence est mobilisée pour améliorer les processus de production dans une vision quantitative.
Les réflexions relatives à l’environnement sont inexistantes. En fait, consommer toujours plus est le signe d’une belle prospérité…
C’est dans ce contexte que va naître la Politique agricole commune.
La Politique agricole commune, née en 1957, fut mise en place en 1962. Elle repose sur deux piliers. Le premier porte sur la production de denrées alimentaires et le second sur le développement rural.

Au-delà du fait de donner une consistance à l’Europe, la politique agricole commune poursuit cinq objectifs précis :
- accroître la productivité de l’agriculture notamment en développant le progrès technique,
- assurer un niveau de vie équitable à la population agricole,
- stabiliser les marchés,
- garantir la sécurité des approvisionnements (fruits, légumes, pommes de terre, viande, ...),
- assurer des prix raisonnables aux consommateurs.

La PAC repose notamment sur les principes de l’unicité du marché, la préférence communautaire, la solidarité financière et des prix minimums garantis pour les agriculteurs.
Plusieurs réformes marqueront l’histoire de la PAC.

En 1984, pour résorber les excédents, des quotas de production sont mis en place, notamment dans le domaine laitier, et les prix de soutien sont réduits.
En 1992, la politique de soutien est à nouveau modifiée par la baisse des prix garantis qui se rapprochent du niveau des cours mondiaux. La baisse est compensée par des aides directes aux agriculteurs. C’est aussi le moment d’une première orientation vers une politique de l’environnement avec l’instauration de mesures agri-environnementales.
En 1999, un cadre financier est fixé pour la période 2000-2006. Le développement rural est soutenu. Cette réforme est destinée à préparer l’arrivée de dix nouveaux membres et à rendre la PAC compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

En 2003, à Luxembourg, la nouvelle PAC introduit le découplage des aides pour se mettre en conformité avec les prescriptions de l’OMC. C’est-à-dire que les primes perçues ne sont plus liées aux productions de l’exploitation mais à une référence liée à la moyenne des primes perçues sur 3 années de référence. Cette nouvelle PAC introduit la notion de
conditionnalité : les aides découplées sont versées à condition que l’agriculteur respecte les bonnes conditions agricoles et environnementales ainsi que le bien-être animal.
En 2008 et les années suivantes, un bilan de la PAC permet d’évaluer et d’anticiper l’évolution à l’horizon 2013 qui marque la fin du financement actuel. La réflexion porte sur le fait de rendre l’agriculture plus compétitive, plus respectueuse de l’environnement en passant entre autres par une baisse des subventions liées à la production et une plus grande aide au développement rural.

Par ailleurs, on se dirige vers un découplage complet des aides…

Aujourd’hui

Une nouvelle réforme de la PAC est en cours. Elle entrera en vigueur au 1er janvier 2015.
Cette réforme s’inscrit dans la continuité de 1992 avec une agriculture de plus en plus ouverte sur le monde…

Le contexte a bien changé. Les crises sont passées par là. Les préoccupations sont nouvelles. L’économie s’est mondialisée. La production alimentaire, comme les autres productions, connaît une grande mobilité. La production mondiale se retrouve dans les rayons des hypermarchés européens.
En même temps, dans une société interconnectée, ce village planétaire où l’information est instantanée, des nouvelles tendances émergent. L’attention à l’environnement est entrée dans les moeurs ; l’écologie a trouvé droit de cité dans l’ensemble des discours politiques.

La réflexion porte aussi sur le sens de la consommation. La consommation bio se développe. Pourquoi transporter des aliments par avion, de façon déraisonnée ? Quel serait l’intérêt de consommer local ? Des groupes d’achat en commun désireux de retisser le lien avec le producteur voient le jour.
L’Europe est un marché de 500 millions de consommateurs à nourrir au quotidien. 40 millions d’emplois dépendent directement du secteur agricole, soit un emploi sur six.
L’enjeu est de fournir aux consommateurs des aliments en quantité suffisante à des prix raisonnables et d’assurer un revenu décent aux agriculteurs.
La nouvelle Politique agricole commune confirme cette tendance à découpler les aides par rapport à la production. Le risque est qu’il ne sera plus question de prix garanti mais de filet de sécurité. La tendance est d’aller vers un système de prime à l’hectare qui ne sera donc plus en lien avec la production.
Ce système ne manquera pas d’avoir des incidences sur la pression foncière. Une course à l’hectare verra le jour et cet argent ne restera sans doute pas dans la poche des agriculteurs.

Il est aussi permis de penser que la Politique agricole commune est de moins en moins commune. Face à la grande diversité des agricultures locales entre la Belgique et la Lettonie, par exemple, quelles sont les décisions à prendre ? Une série de points seront décidés au niveau des États. L’Europe fournira le cadre dans lequel les états auront plus de pouvoir de décision.
Par ailleurs, la nouvelle Politique agricole commune prévoit une convergence entre les différents États de l’Union. Concrètement, cela signifie que la Belgique perdra dans la prochaine programmation environ 20% des aides actuelles. En effet, actuellement la moyenne européenne de prime à l’hectare est de 270 euros. La Belgique est à 460 euros à l’hectare et les pays baltes comme la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie sont à 60 ou 70 euros. La convergence vers un niveau harmonisé des primes va donc coûter à la Belgique. Cette mesure ne tenait pas compte de l’ensemble des coûts de production. Après négociation notamment avec le monde syndical, cette adaptation se fera progressivement…

Une autre grande tendance de la nouvelle Politique agricole commune est le verdissement. Près de 30 % des aides directes seront liées à des mesures environnementales. C’est sans doute une manière politique de garder une aide importante à l’agriculture en invitant les agriculteurs à être attentifs à l’environnement… Ces mesures portent sur des pratiques qui sont déjà concrètement en cours chez nous, comme la rotation des cultures par exemple. D’autres mesures portent sur une réserve de surface à une action écologique, pour favoriser notamment la biodiversité.
Cette action en faveur de l’environnement est évidemment importante. En même temps, il importe de ne pas perdre de vue que le rôle premier de l’agriculteur est d’être le nourricier de la société.
Alimentation : l’homme au service de l’homme ?
Dans ce contexte où les systèmes montrent leurs limites, il est urgent de se poser les bonnes questions.

Des tendances émergent

Le bio trouve droit de cité. Mais quel est l’avenir de cette philosophie basée sur le naturel ? Le bio peut-il un jour se généraliser et peut-on imaginer des productions de masse bio ? Techniquement sans doute mais quelles sont les réelles possibilités ? Peut-on imaginer que le bio devienne un jour la norme ?

La réflexion locale est aussi à l’ordre du jour. Un grand groupe de distribution français vient de signer avec le Président de la République un accord garantissant que les produits transformés qui seront présentés aux consommateurs seront à base de produits régionaux. En Belgique, plusieurs initiatives sont prises afin d’intégrer des produits locaux dans les linéaires : c'était quasi inimaginable voici quinze ans. Il est question de charte de collaboration, de prix rémunérateurs, de non-exclusivité…, etc.

Le monde agricole, dont la mission était essentiellement de produire, développe une nouvelle vision du métier : être à la fois producteur et commerçant et valoriser sa production.
Quant au consommateur, il a un rôle majeur à jouer en faisant ses choix. Mais a-t-il vraiment le choix ? La plupart des ménages européens doivent naviguer entre l'exigence d'une nourriture saine, qui anticipe les problèmes de santé publique tels que l'obésité et les maladies cardio-vasculaires, et les contraintes budgétaires dans lesquelles ils se trouvent pris, particulièrement lorsque la crise paraît. Il peut aussi être conscient que la consommation est aussi un acte politique : un mouvement de consommateurs bien organisé peut faire plier une multinationale ou un gouvernement.

Mais en est-il suffisamment informé ?

La réflexion de l'édition 2014 de la Foire de Libramont se portera donc naturellement sur la pédagogie qui doit accompagner l'introduction de cette énième réforme. Qu'est-ce que la PAC ? Quels en sont les mécanismes ? Qui prend les décisions ? Qui en bénéficie ? Qui en pâtit ? Quel sera l'impact concret de la réforme sur l'agriculteur wallon, notre voisin ? Quel seront ses conséquences sur notre assiette, sur notre portefeuille, sur notre santé, sur notre environnement ?
Quelles sont les pistes de développement ? Qui sont les acteurs qui travaillent à la réflexion sur le futur de notre alimentation ? Quelles sont les coopérations possibles entre les acteurs ? Où en est l’esprit coopératif dans l’Europe d’aujourd’hui ?
Dans le hall 3, une exposition, des animations et un programme de grandes conférences illustreront ces différentes questions



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