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13 juin 2025 |
10:14 |
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PDT: prix très bas en cette fin de saison et 25.000 ha de pommes de terre en plus
Les statistiques officielles sur les surfaces de pommes de terre, ventilées entre pommes de terre de consommation (table et transformation), plants de pommes de terre et pommes de terre amidon, ne sont pas encore disponibles. L'augmentation des surfaces est provisoirement estimée à 5% dans la zone NEPG, soit 25.000 ha. Cette estimation sera affinée au fur et à mesure de la publication des statistiques officielles dans les prochaines semaines.
Malgré quelques pluies au cours des derniers jours - et déjà quelques limitations de l'irrigation - la sécheresse reste un problème important. Les traitements herbicides de post-levée présentant une certaine phytotoxicité pourraient également ralentir la croissance et pourraient, parallèlement à la sécheresse, avoir un impact sur les rendements finaux.
Les producteurs de pommes de terre se demandent encore parfois pourquoi les prix à la production ont chuté si brutalement au début du mois de mars... Une combinaison de facteurs peut expliquer pourquoi, soudainement, presque tout est allé de travers (voir plus loin).
Le NEPG rappelle une fois de plus pourquoi les producteurs devraient être prudents en ce qui concerne la culture de pommes de terre. Les alternatives rentables à la pomme de terre sont rares. Les patatiers pensaient que l’industrie de la transformation de la pomme de terre était une activité infiniment en expansion (regardez toutes les nouvelles unités de transformation prévues !), ils ont été incités à continuer à se développer également et sont tombés dans le piège.
Pourquoi les prix aux producteurs ont-ils chutés aussi dramatiquement ces derniers mois ?
La forte chute des cours, de 30 €/100 q fin février au 7,50 €/q actuellement, est une conséquence dû à de multiples facteurs qui se sont développés plus ou moins aux mêmes moments.
- Les exportations de frites surgelées et d'autres produits à base de pommes de terre ont commencé à ralentir dès l'année dernière. Les ventes sur le marché mondial des produits transformés se sont détériorées. Les ventes de frites et autres produits de pommes de terre de la zone NEPG (UE-4, BE, DE, FR et NL) ont diminué de 1,8 % en volume entre 2023 et 2024 (source : Eurostat), une baisse historique (hors crise Covid). Le prix de vente moyen, qui avait augmenté de 64 % entre 2021 et 2023, stagne en 2024 et tend à baisser en 2025. La concurrence sur les marchés asiatiques est réelle, la Chine et l'Inde ayant multiplié par dix leurs exportations en 5 ans.
- Il a fallu du temps pour réaliser que les coûts de production étaient de plus en plus élevés non seulement pour les producteurs, mais que les prix des frites européennes congelées étaient plus élevés que ceux du Canada, de la Chine, de l'Inde ou d'autres nouveaux venus dans le monde de la transformation.
- Les nouvelles taxes et les nouveaux droits de douane décidés par le président américain ont ralenti ou arrêté les exportations européennes de produits transformés. Les incertitudes économiques provoquées par le locataire de la Maison blanche ont également affaibli le dollar américain et rendu les produits européens plus chers.
- Au cours des dernières années, très peu d’autres cultures n'ont permis aux agriculteurs de gagner plus d'argent que la pomme de terre. Les prix d'achat en libre très élevés à la fin des printemps 2023 et 2024, bien que ne concernant qu'environ 5 % de la récolte, ont conduit les agriculteurs à penser que des prix bas ne se reproduiraient pas...
- Certains graves erreurs de part de la transformation ont été commises avec une partie de la récolte 2024. Cela s’est traduit par des frites de qualité médiocre et par de mauvaises ventes.
- Les plantations de hâtives et de la récolte de conservation historiquement précoces a conduit le secteur à réaliser que les restes de la production 2024 pèseraient rapidement sur le marché alors que la nouvelle récolte levait et était annoncée plus tôt que d'habitude.
- Les quelques pluies d’avril, de mai et de début juin, bien qu'historiquement très inférieures à celles qui tombent habituellement, ont temporairement éloigné le spectre d'une grave sécheresse et ont permis aux pommes de terre en train de lever de se développer rapidement. Cela a empêché les prix de se stabiliser plus tôt voire même de repartir à la hausse.
- La sécheresse et le temps chaud ont aidé les pommes de terre à bien s'établir et s’enraciner dans de bonnes conditions, ce qui leur permettra d'être plus résistantes en cas de retard ou de manque de pluie.
Les producteurs européens travaillent dans un monde et un marché toujours plus globalisé. La compétition est forte et le marché fragile, dans un marché où il y a de plus en plus d’acteurs dans différentes zones du monde. Le marché des produits transformés, frites en premier lieu, est toujours en croissance, mais la concurrence avec d’autres acteurs mondiaux devient plus importante. La collaboration entre les différents acteurs de la « chaine de valeur pommes de terre » est essentielle, si on veut améliorer notre compétitivité.
Les coûts de production des producteurs européens n'ont cessé d'augmenter au cours des dernières années. Les prix européens des frites congelées et d'autres produits transformés sont plus élevés que les prix canadiens, et encore plus que les prix chinois ou indiens, principalement en raison des coûts plus élevés de l'énergie et du fret. Il est moins coûteux pour les industriels de la frite égyptiens, indiens ou chinois d'exporter vers leurs voisins que pour les transformateurs européens, dont les itinéraires de transport sont beaucoup plus longs.
Non seulement les producteurs européens ont des coûts de production plus élevés, mais ils doivent également faire face à des problèmes environnementaux et à des réglementations plus strictes. Le changement climatique est également plus rapide et plus important sur le continent européen (que dans d'autres parties du monde), avec beaucoup plus de demandes de la part de la société civile ou des gouvernements (pour diminuer les pulvérisations, se conformer aux normes nitrates, utiliser moins d'eau, réduire leur empreinte carbone,...) que pour les producteurs du reste du monde.
De plus, pendant cette période, d'autres problèmes liés au sol (nématodes, taupins, souchet comestible...) et des maladies émergentes comme le Stolbur, ainsi qu'une législation plus stricte, rendent la pomme de terre techniquement et économiquement plus difficile à produire et financièrement plus risquée.
Les producteurs ont probablement surestimé la rentabilité à long terme de la culture de la pomme de terre et devraient prendre conscience à propos de multiples limitations avant que les gouvernements n'interviennent avec encore plus de législation (rotations plus longues, interdiction de culture dans certaines zones à risque (pollution de l'eau ou risques d'érosion par exemple), législation plus stricte sur l'utilisation des produits phytosanitaires…).
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Malgré quelques pluies au cours des derniers jours - et déjà quelques limitations de l'irrigation - la sécheresse reste un problème important. Les traitements herbicides de post-levée présentant une certaine phytotoxicité pourraient également ralentir la croissance et pourraient, parallèlement à la sécheresse, avoir un impact sur les rendements finaux.
Les producteurs de pommes de terre se demandent encore parfois pourquoi les prix à la production ont chuté si brutalement au début du mois de mars... Une combinaison de facteurs peut expliquer pourquoi, soudainement, presque tout est allé de travers (voir plus loin).
Le NEPG rappelle une fois de plus pourquoi les producteurs devraient être prudents en ce qui concerne la culture de pommes de terre. Les alternatives rentables à la pomme de terre sont rares. Les patatiers pensaient que l’industrie de la transformation de la pomme de terre était une activité infiniment en expansion (regardez toutes les nouvelles unités de transformation prévues !), ils ont été incités à continuer à se développer également et sont tombés dans le piège.
Pourquoi les prix aux producteurs ont-ils chutés aussi dramatiquement ces derniers mois ?
La forte chute des cours, de 30 €/100 q fin février au 7,50 €/q actuellement, est une conséquence dû à de multiples facteurs qui se sont développés plus ou moins aux mêmes moments.
- Les exportations de frites surgelées et d'autres produits à base de pommes de terre ont commencé à ralentir dès l'année dernière. Les ventes sur le marché mondial des produits transformés se sont détériorées. Les ventes de frites et autres produits de pommes de terre de la zone NEPG (UE-4, BE, DE, FR et NL) ont diminué de 1,8 % en volume entre 2023 et 2024 (source : Eurostat), une baisse historique (hors crise Covid). Le prix de vente moyen, qui avait augmenté de 64 % entre 2021 et 2023, stagne en 2024 et tend à baisser en 2025. La concurrence sur les marchés asiatiques est réelle, la Chine et l'Inde ayant multiplié par dix leurs exportations en 5 ans.
- Il a fallu du temps pour réaliser que les coûts de production étaient de plus en plus élevés non seulement pour les producteurs, mais que les prix des frites européennes congelées étaient plus élevés que ceux du Canada, de la Chine, de l'Inde ou d'autres nouveaux venus dans le monde de la transformation.
- Les nouvelles taxes et les nouveaux droits de douane décidés par le président américain ont ralenti ou arrêté les exportations européennes de produits transformés. Les incertitudes économiques provoquées par le locataire de la Maison blanche ont également affaibli le dollar américain et rendu les produits européens plus chers.
- Au cours des dernières années, très peu d’autres cultures n'ont permis aux agriculteurs de gagner plus d'argent que la pomme de terre. Les prix d'achat en libre très élevés à la fin des printemps 2023 et 2024, bien que ne concernant qu'environ 5 % de la récolte, ont conduit les agriculteurs à penser que des prix bas ne se reproduiraient pas...
- Certains graves erreurs de part de la transformation ont été commises avec une partie de la récolte 2024. Cela s’est traduit par des frites de qualité médiocre et par de mauvaises ventes.
- Les plantations de hâtives et de la récolte de conservation historiquement précoces a conduit le secteur à réaliser que les restes de la production 2024 pèseraient rapidement sur le marché alors que la nouvelle récolte levait et était annoncée plus tôt que d'habitude.
- Les quelques pluies d’avril, de mai et de début juin, bien qu'historiquement très inférieures à celles qui tombent habituellement, ont temporairement éloigné le spectre d'une grave sécheresse et ont permis aux pommes de terre en train de lever de se développer rapidement. Cela a empêché les prix de se stabiliser plus tôt voire même de repartir à la hausse.
- La sécheresse et le temps chaud ont aidé les pommes de terre à bien s'établir et s’enraciner dans de bonnes conditions, ce qui leur permettra d'être plus résistantes en cas de retard ou de manque de pluie.
Les producteurs européens travaillent dans un monde et un marché toujours plus globalisé. La compétition est forte et le marché fragile, dans un marché où il y a de plus en plus d’acteurs dans différentes zones du monde. Le marché des produits transformés, frites en premier lieu, est toujours en croissance, mais la concurrence avec d’autres acteurs mondiaux devient plus importante. La collaboration entre les différents acteurs de la « chaine de valeur pommes de terre » est essentielle, si on veut améliorer notre compétitivité.
Les coûts de production des producteurs européens n'ont cessé d'augmenter au cours des dernières années. Les prix européens des frites congelées et d'autres produits transformés sont plus élevés que les prix canadiens, et encore plus que les prix chinois ou indiens, principalement en raison des coûts plus élevés de l'énergie et du fret. Il est moins coûteux pour les industriels de la frite égyptiens, indiens ou chinois d'exporter vers leurs voisins que pour les transformateurs européens, dont les itinéraires de transport sont beaucoup plus longs.
Non seulement les producteurs européens ont des coûts de production plus élevés, mais ils doivent également faire face à des problèmes environnementaux et à des réglementations plus strictes. Le changement climatique est également plus rapide et plus important sur le continent européen (que dans d'autres parties du monde), avec beaucoup plus de demandes de la part de la société civile ou des gouvernements (pour diminuer les pulvérisations, se conformer aux normes nitrates, utiliser moins d'eau, réduire leur empreinte carbone,...) que pour les producteurs du reste du monde.
De plus, pendant cette période, d'autres problèmes liés au sol (nématodes, taupins, souchet comestible...) et des maladies émergentes comme le Stolbur, ainsi qu'une législation plus stricte, rendent la pomme de terre techniquement et économiquement plus difficile à produire et financièrement plus risquée.
Les producteurs ont probablement surestimé la rentabilité à long terme de la culture de la pomme de terre et devraient prendre conscience à propos de multiples limitations avant que les gouvernements n'interviennent avec encore plus de législation (rotations plus longues, interdiction de culture dans certaines zones à risque (pollution de l'eau ou risques d'érosion par exemple), législation plus stricte sur l'utilisation des produits phytosanitaires…).
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