“En ce qui nous concerne, c’est la raison pour laquelle nous organisons un salon comme AGRIBEX”, souligne Johan Colpaert, le président. “Un salon n’est en effet pas uniquement un espace de commerce, c’est aussi un endroit de rencontre et l’occasion d’échanger à propos du secteur, ce qui permet ainsi d’affirmer son point de vue et d’essayer de proposer des réponses face aux défis que le secteur est amené à relever.”
Pour Johan Colpaert, le président de Fedagrim, l’inauguration officielle a été un moment très important. “A cette occasion, nous avons en effet pu parfaitement partager les ambitions du secteur avec les personnes politiques présentes. Lors de mon discours, j’ai souligné que nous devions à nouveau assurer la viabilité de l’agriculture et de l’élevage. A l’heure actuelle, le secteur primaire est en effet trop dépendant du prix, tandis que la qualité n’est pas suffisamment honorée et appréciée. Notre constatation: si nous voulons que le secteur agricole reste économiquement viable pour les agriculteurs et les horticulteurs, il faut qu’il y ait davantage de respect pour ces maillons de la chaîne. D’un point de vue politique, nous avons besoin de davantage d’unité en ce qui concerne la réglementation et la législation. Comme nous l’avons souligné au travers de notre Pacte agricole, et comme c’est le cas pour de nombreux secteurs, les agriculteurs veulent davantage de clarté et de préférence un seul point de contact. La fragmentation de la politique est un facteur limitant. Il nourrit en effet le manque de stabilité dans un secteur qui doit déjà générer de la rentabilité dans les conditions les plus diverses. Et je pense par exemple aux conditions climatiques, à la volatilité des prix ou encore aux phénomènes naturels, qui ont tous un effet sur le rendement d’une exploitation agricole. Après les différents échanges que nous avons eu au cours de la semaine pendant le salon, et après notre concertation avec le monde politique, nous osons plaider pour davantage de concertation entre les régions et le fédéral. Nous estimons que le secteur a davantage besoin de collaboration afin d’optimiser la réglementation en Belgique, afin que chaque éleveur, agriculteur et horticulteur puissent travailler dans les mêmes conditions. Ce n’est que de cette façon que notre secteur agricole sera mieux armé afin de parler d’une seule voix au niveau européen et pourra davantage faire entendre sa voix sur la scène internationale. Nous estimons que c’est à ce niveau que se situent les véritables enjeux pour une agriculture viable en Belgique. Nous estimons également que les régions et le fédéral doivent mieux s’entendre afin de former un front commun qui va permettre d’assurer l’avenir du secteur agricole en Belgique.”
AGRIBEX ne fait pas exception à la règle, et même si le salon est le plus grand salon d’intérieur du Benelux, AGRIBEX est actif dans un secteur qui baisse lentement mais sûrement en ce qui concerne le nombre de personnes employées. Par rapport à l’année 2000, le nombre d’agriculteurs a en effet baissé de 40%. “Dans ces conditions, il n’est jamais facile d’organiser un salon, d’autant plus que l’accent est mis sur les investissements”, souligne Stefaan Forret, le président du salon. Dans le Dossier économique présenté par Fedagrim en début de semaine, on peut clairement voir qu’en ce qui concerne les tracteurs, un léger mieux avait été noté au début de l’année 2017. Pour les machines agricoles, la situation est par contre moins rose. A ce niveau, AGRIBEX peut faire la différence, et cela semble également être le cas en ce qui concerne les réactions des exposants. “Les agriculteurs sont à nouveau plus confiants. Dans le secteur des grandes cultures, la situation est encore assez compliquée suite à la baisse du prix des pommes de terre, entre autres, mais les entrepreneurs agricoles investissent par contre à nouveau”, souligne encore le président du salon. “Un véritable état des choses ne pourra cependant être établi que dans les semaines qui suivent le salon. Nous constatons cependant que moins de ventes sont clôturées lors du salon. Cela ne veut pas dire que l’agriculteur n’investit pas, mais il reste cependant prudent. Les incertitudes ont été trop nombreuses ces derniers temps pour investir sans réfléchir. Cependant, nous remarquons que les agriculteurs restent positifs et qu’ils ont certainement des plans pour l’avenir.”
Par ailleurs, le secteur de l’équipement et de la construction d’étables se montre satisfait de cette édition d’AGRIBEX. “On remarque que les choses bougent dans le secteur”, indique encore Stefaan Forret. “Il n’est plus nécessaire de souligner que ce secteur a fortement souffert du faible niveau de prix pour le lait, ainsi que pour la viande porcine. De ce fait, les investissements ont été retardés, et l’année 2016 est à oublier au plus vite. Pour l’année 2017, on enregistre un léger mieux grâce à une augmentation de la confiance, qui est la conséquence d’un meilleur prix pour le lait et de la hausse du prix de la viande porcine jusqu’il y a quelques semaines. Cette tendance positive semble se poursuivre lors d’AGRIBEX. Nous ne pouvons pas dire que le carnet de commandes est complet pour 2018, mais les agriculteurs ont cependant des projets très concrets. C’est pourquoi AGRIBEX tombe au bon moment. Le salon permet aux agriculteurs de concrétiser calmement, mais également de manière réfléchie, ses plans d’investissement.”
Pour le secteur du jardin et des espaces verts, AGRIBEX reste une histoire un peu plus compliquée. “Nous mettons tout en oeuvre afin d’ouvrir ce salon purement agricole à la base aux entrepreneurs de jardin et aux aménagements de domaines publics. Nous sommes sur la bonne voie afin de donner une place incontournable au secteur des jardins et des espaces verts. De même, les surfaces d’exposition globales augmentent et les visiteurs pour ce secteur trouvent le chemin d’AGRIBEX. A ce niveau, une initiative comme l’ilot thématique ‘Garden Passion’ aide certainement. De même, le fait de proposer un thème différent pour chaque jour a aussi été bénéfique. De plus, la répartition des stands et l’aménagement du palais ont également aidé. Les réactions étaient donc très positives”, souligne encore Stefaan Forret, le président du salon. Il ajoute cependant qu’il est nécessaire de faire davantage afin d’attirer les administrations publiques vers le secteur du jardin et des espaces verts. “Pour ce public, AGRIBEX n’est pas vraiment parlant. Ce public-cible se tourne davantage vers Démo Vert, mais cela nous permet par ailleurs de jouer la carte de la complémentarité, et cela nous permet de couvrir entièrement le secteur. ” Démo Vert se tiendra à nouveau l’année prochaine, les 9, 10 et 11 septembre.
“Si nous faisons le bilan d’AGRIBEX, il est certainement positif”, indique encore Stefaan Forret. “Nous travaillons pendant deux ans afin d’organiser ces six jours de salon à Bruxelles. Pour ce faire, nous nous appuyons sur un comité au sein duquel plusieurs experts donnent leur avis en ce qui concerne l’aménagement du salon. Nous lançons régulièrement de nouvelles idées et visions afin de faire progresser le salon. Tout peut bien entendu être amélioré, mais nous osons cependant affirmer que cette 70e édition d’AGRIBEX était innovante et originale, tout en respectant les valeurs du salon. Nous sommes donc particulièrement satisfaits d’avoir largement dépassé le cap des 100.000 visiteurs. Les attentes étaient moins grandes mais la réalité nous a cependant permis de dépasser nos rêves les plus fous.
Comme je l’ai déjà souligné, le secteur a connu des temps difficiles. De ce fait, attirer plus de 100.000 visiteurs sur un salon axé sur les investissements n’est pas une sinécure, mais nous avons cependant relevé ce défi. A ce niveau, nous remarquons que nous attirons aussi pas mal de visiteurs venant des Pays-Bas et du nord de la France. Par ailleurs, l’organisation s’est déroulée sans accrocs. Bien entendu, il n’est pas possible d’éviter les petits tracas, mais d’une manière générale, nous n’avons pas enregistré d’incidents d’importance, et cela ressort par ailleurs aussi des nombreuses réactions positives des exposants. Cela vaut également pour les formules toujours renouvelées et l’informatisation croissante au niveau des tickets d’entrée (utilisation réelle des cartes de réduction, abonnements et tickets d’un jour). Comme nous travaillons en étroite collaboration avec Brussels Expo et que nous pouvons souligner et résoudre en temps réel les problèmes qui se présentent au niveau de l’infrastructure, les frustrations des exposants sont fortement limitées. Ce point d’action a certainement porté ses fruits. Nous allons certainement continuer à miser sur ces points à l’avenir. La professionnalisation croissante d’un salon comme AGRIBEX est le premier point à l’agenda. Notre ambition ne se limite pas à rester le plus grand salon agricole d’intérieur du Benelux, mais également d’être le plus qualitatif, tant en ce qui concerne l’offre, l’aménagement et la logistique. En tant que comité du salon, nous mettons tout en œuvre pour y arriver.”
